1989, Fin du xxe siècle ou fin de l'histoire ?
La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, a bénéficié d’une large couverture médiatique, contribuant ainsi à faire de cet épisode un événement qui a marqué les esprits. Peu de temps avant la chute du mur, qui symbolise la fin de la division de l’Europe, de la guerre froide et annonce celle des régimes communistes européens, le philosophe et chercheur en sciences politiques américain Francis Fukuyama avait remis au goût du jour le concept de « fin de l’histoire », théorisé avant lui par le philosophe allemand Hegel au début du XIXe siècle. Celle-ci serait marquée par la fin des idéologies. Ou peut-être est-ce seulement la fin d’un siècle, comme l’affirme René Rémond. Un siècle, selon lui, étant délimité par des évènements entraînant de grands bouleversements.
Il existe donc plusieurs théories sur l’année 1989. On peut alors se poser la question suivante : 1989 marque-t-elle la fin de l’Histoire, ou dans une moindre mesure la fin du XXe siècle ?
Si Fukuyama a vu juste et que 1989 met un terme à l’histoire, alors, de toute évidence, cette date figure aussi la fin du XXe siècle. Mais nous allons voir que la théorie du chercheur américain peut être remise en cause. La fin du XXe siècle apparaîtrait comme une hypothèse plus raisonnable, mais des évènements historiques postérieurs à la chute du mur pourraient la supplanter.
S’il y a une fin de l’histoire, cela signifie indubitablement qu’il y a un début. La plupart des historiens s’accordent aujourd’hui pour le faire coïncider avec l’apparition de sources écrites. En schématisant, avant la maîtrise de l’écriture par une civilisation, nous sommes dans la préhistoire. Mais l’historien Louis Blanc, lui, a coupé l’herbe sous le pied de Fukuyama en affirmant que « l’Histoire ne commence et ne finit nulle part »…
Pour Fukuyama, « la fin de l’histoire ne signifie pas la fin des évènements mondiaux, mais la fin de l’évolution de la pensée humaine à propos des principes