Revue française de sociologie «aptitudes», l'«employabilité» et l'ef fort d'insertion des allocataires. Le poids du biographique et l'acuité de sa «mise en récit» comme catégorie di scriminante du jugement sont bien rap portés par l'auteur. Au reste, pour nourrir l'étude du dossier, le sous-préfet interroge très fréquemment les membres de la cli sur le mode : «Qui le (la) connaît ? » Dans son souci d'éclairer les tensions et les controverses qui surgissent en cli et de développer, dans une perspective conventionnaliste, une pragmatique du jugement, Isabelle Astier traque les ac cords partiels, locaux. De fait, l'auteur tend à surestimer le poids des dilemmes et des désaccords. Elle occulte les im pératifs plus macrosociaux qui, aux yeux des membres de cli, induisent un jugement unidimensionnel : ainsi, en dé pit des écarts à la règle d'insertion, comment supprimer le RMi dans un contexte où il est synonyme de survie minimale pour le bénéficiaire? Dès lors que l'accord se solidifie autour du constat consensuel de la précarisation croissante, de la montée de la vulnérab ilité, les «litiges de l'insertion» ne trouvent aucun terrain d'expression. Cinquante dossiers peuvent ainsi être traités par la cli en une heure et demi et seuls deux ou trois faire effectivement l'objet d'un débat contradictoire. Il reste que l'ouvrage d'Isabelle Astier offre une bonne synthèse des enjeux re latifs à la légitimation sociale des acti vités d'insertion et des politiques ainsi labellisées. L'auteur relève les tensions entre louable effort de solidarité génér ale et prise en compte de l'individualité de l'allocataire, tensions qui traversent tant les débats parlementaires que l'acti vité pratique des cli et rendent problé matique le lien entre revenu minimum et souci d'insertion.
Cédric Frétigné Travail et Mobilités - cnrs Université Paris x-Nanterre
Lepoutre (David). - Cœur de banl ieue. Codes, rites et langages. Paris, Odile Jacob, 1997, 362 p., 140 FF.
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