1ere guerre
Sur les côtes des territoires de l’Empire colonial français, le départ des recrues pour la métropole correspond à une rupture brutale et impressionnante dans leurs quotidiens. Des cérémonies officielles se succèdent et se mêlent à d’intenses émotions dans lesquelles se dévoilent les liens noués entre la France et l’Outre-mer. De périlleuses journées de navigation précèdent l’arrivée des troupes coloniales dans les ports du sud de la métropole. La population locale découvre des individus venus de lointains horizons ; sur des terres inconnues, ces « sujets français » rencontrent pour la première fois les habitants de France. Le tirailleur sénégalais Bakary Diallo, dans les rues de Sète en septembre 1914, témoigne de ce double jeu culturel : « Il est plus facile de s’entendre avec les enfants qui viennent à nous. Ils sont propres, mignons et attirent l’amitié tels des anges de rêve. Un peu craintifs, mais résolus, ils nous tendent leurs petites mains, que certains d’entre eux retirent tout de suite, regardant si elles ne sont pas noircies par la couleur des nôtres. » Puis, les soldats coloniaux rejoignent progressivement les ateliers nationaux et les champs de bataille, s’exposent ainsi aux terribles réalités de la guerre.
Les réalités du « monde du feu »
A l’exception des combattants de Saint-Pierre-et-Miquelon, les « Indigènes » sont originaires de pays méditerranéens et tropicaux ; ils éprouvent ainsi de réelles difficultés à s’acclimater aux rigueurs des hivers européens. Ces souffrances se manifestent notamment par de multiples cas d’engelures, d’épidémies et de maladies pulmonaires. « Ici, il fait très froid et la vie matérielle est extrêmement pénible. (…) On se bat depuis plus de deux ans et je ne sais quand cela finira pour nous permettre de retourner chez nous. Actuellement, les deux nations se battent sans répit jour et nuit et il y a beaucoup de misère,