1STMG3_Séquence_1_séance_4 3
Problématique : Pourquoi l’Europe est-elle perçue comme une partie distincte du monde, y compris par les Européens eux-mêmes ?
Objectif : prélever, hiérarchiser et confronter des informations en fonction du document ou du corpus documentaire.
I- Le sentiment d’avoir partagé une histoire commune
Extraits de l’entretien du journaliste Jean Quatremer avec le médiéviste (=historien du Moyen Age) Jacques Le Goff, mis en ligne sur Libération.fr le 3 mai 2004 : « L’Europe n’est pas vieille, elle est ancienne ».
[L’] identité commune des Européens s'est-elle forgée grâce au christianisme ?
[…] Le sentiment d'une communauté est né du fait que les institutions étaient, dans l'ensemble de l'Europe, très voisines. En particulier le réseau ecclésial, avec ses évêchés, ses archevêchés, etc., structurait l'Europe, du monde scandinave à la Méditerranée. A la tête de cette société, deux hommes. L'un, le pape, a été reconnu par tous les chrétiens, mais il ne faut pas exagérer son importance : au XIVe siècle, il y a eu un schisme et deux voire trois papes ont parfois cohabité... L'autre figure était l'empereur, mais il n'a pas réussi à unifier l'Europe. Le premier échec a été celui de Charlemagne. Contrairement à ce que l'on croit souvent, ce n'est pas le premier Européen car son projet ne l'était pas : il voulait recréer l'Empire romain et constituer un empire franc. […] Charlemagne a rompu avec l'Empire romain en organisant son empire au nord de la Méditerranée : l'Europe géographique s'affirme à ce moment-là. […]
L'identité européenne s'est forgée d'abord grâce à ses institutions ?
[…] C'est d'un même mouvement que se constituent au Moyen Age un espace commun européen et une division en royaumes. […] Les seuls royaumes qui n'arrivent pas à bien se former, ce sont l'Allemagne et l'Italie. En Allemagne, le mouvement est contrarié par la présence de l'empereur, qui règne sur le Saint Empire romain germanique, et en Italie, à la fois à cause