2 belgitude

2333 mots 10 pages
Malaise Jean Muno (1924-1988) Protagoniste discret mais engagé du renouveau littéraire des années 1980, Jean Muno a choisi, pour sa part, l'arme de l'ironie et de l'autodérision pour illustrer la réalité communautaire complexe qui exclut irrémé­diablement en Belgique toute forme de simplisme dualiste. Les hasards de la toponymie lui font un plaisant clin d'œil. Belgique, heureuse Belgique... Ce titre ! Mon premier mouvement est de ricaner. À cause du mot Belgique (mais ça n'existe pas !), de l'épithète heureuse (qu'est-ce que le bon­heur ?), de l'insolite accolement des deux. Et puis non, soyons objectif, quitte à paraître un peu plat. C'est vrai que j'ai le sentiment que la majorité de mes compatriotes sont relative­ment heureux, en effet, autant qu'on peut l'être aujourd'hui. Bien nourris, confortablement vêtus, logés de même, beau­coup roulant carosse... gens paisibles et positifs. Et moi, dans cette Belgique heureuse, suis-je heureux ? Couci-couça, mon cher, vaille que vaille. Depuis toujours, me semble-t-il, j'éprouve comme un malaise. Et si je n'étais pas un Belge véritable ? Là, je proteste. À maints égards, je me sens très Belge au contraire, très localisé autant qu'indéfinissable. Ni Flamand ni Wallon ni même Bruxellois. Un mélange des trois, oui, une addition bizarre, assez inopportune, d'appartenances imparfaites que, faute de mieux, et non sans quelque provocation, je quali­fierai intempestivement de belge. J'aimerais pouvoir me proclamer citoyen du monde, moi aussi, polyglotte et polyvalent, vaste d'esprit à vocation pla­nante et planétaire, baignant allègrement dans la culture universelle. Hélas ! pour moi les frontières, ça compte. Honteusement. Celles qui délimitent mon territoire affec­tif, marqué par mes souvenirs d'enfance du nord au sud (mais les distances sont si courtes que ces termes n'ont guère de sens), qui m'y enferment comme dans un trois pièces donnant vue sur la mer, qui m'entretiennent dans l'illusion

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