4549 CultureFb
Alain Badiou avec Nicolas Truong
Éloge de l’amour
Café Voltaire
© Flammarion, 2009
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« L’amour est à réinventer, on le sait. »
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, Délires I
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Présentation
Il est important que le philosophe se rappelle les innombrables circonstances de la vie dans lesquelles il ne se distingue en rien de n’importe qui d’autre. S’il l’oublie, du reste, la tradition théâtrale, singulièrement la comédie, le lui remettra un peu rudement en mémoire. C’est en effet, sur scène un type bien défini que celui du philosophe amoureux, où l’on voit que toute sa sagesse stoïcienne, toute sa méfiance argumentée à l’égard des passions tombent en poussière parce qu’une femme rayonnante vient d’entrer dans le salon et qu’il en est pour toujours foudroyé. J’ai de longue date pris les devants, dans la vie comme dans la pensée. J’ai posé que le philosophe (et sous ce mot, qu’on l’entende au neutre, vient aussi, naturellement, la philosophe) doit être sans doute un scientifique averti, un amateur de poèmes et un militant politique, mais qu’il doit aussi assumer que la pensée n’est jamais séparable des violentes péripéties de l’amour. Savant(e), artiste, militant(e) et amant(e), tels sont les rôles que la philosophie exige de son sujet. J’ai appelé ça les quatre conditions de la philosophie.
C’est pourquoi j’ai aussitôt répondu « oui » quand Nicolas
Truong m’a convié à un dialogue public sur l’amour, dans la série « Théâtre des idées » qu’il organise avec le Festival d’Avignon. Ce mélange de théâtre, de foule, de dialogue, d’amour et de philosophie avait quelque chose de grisant. On était en outre le 14 juillet (2008) et je me réjouissais que l’amour, cette force cosmopolite, louche, sexuée, transgressant frontières et statuts sociaux, soit célébré en lieu et place de l’Armée, de la Nation et de