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La carrière philosophique de Merleau-Ponty s’ouvre avec deux ouvrages majeurs : la Structure du comportement (1942) et la Phénoménologie de la perception (1945). Pour aborder le problème du sens, il choisit donc le terrain de la psychologie, dont il critique la prétention à se constituer en science. Dans son cheminement, la philosophie de Merleau-Ponty sera marquée par un constant désaveu de la science : à celle-ci, il reproche son explication aride des phénomènes, et à la psychologie d’occulter la subjectivité dont sont empreintes les données qu’elle a recueillies.
Or, ce que revendique le philosophe — tout comme Husserl le fera sur le tard —, c’est le retour à ce «monde de la vie», ce «retour aux choses mêmes» : la philosophie de Merleau-Ponty, proche de celle d’Heidegger, est une phénoménologie existentielle en ce qu’elle prône, dans sa tentative de compréhension du monde, une description du milieu concret où le sujet pensant se trouve en situation. Ainsi, à la naïveté de la prétendue objectivité de la science, Merleau-Ponty oppose la naïveté subjective du penseur, qui doit «formuler une expérience du monde, un contact avec le monde qui précède toute pensée sur le monde» (Sens et Non-Sens, 1948).
Merleau-Ponty se propose donc d’observer et de percevoir le monde d’avant la connaissance, mais ce monde est pour lui déjà chargé de significations : percevoir, c’est percevoir du sens; toute sensation est déjà engagée dans le sens. L’être est ainsi voué au sens et inscrit dans la texture du monde. Être signifiant, c’est par son corps qu’il est signifié à autrui. L’ego ne peut donc se constituer que dans l’intersubjectivité : contrairement à Sartre, Merleau-Ponty rejette la notion de conscience pure et