9 H30 Ouasti
Université d’Oujda (Maroc)
Boussif Ouasti
Université de Tétouan (Maroc)
Le portrait mythique de la femme dans le miroir euro-marocain
« Signalons enfin une source jusqu’ici fort délaissée et qui mériterait pourtant d’être méthodiquement exploitée : les jeux de physionomie, les gestes et les attitudes. On devine bien, ça et là, que les auteurs voudraient s’y intéresser et qu’ils estiment particulièrement significatifs ici : qu’avons-nous pour juger les gens ? Nous dit-on par exemple. Leurs paroles ? Mensonges. Leurs actes ? Ils disent qu’ils ont été contraints. Mais les yeux et les visages sont les registres où s’inscrit tout ce que l’homme voudrait cacher au fond de soi. Les yeux trahissent l’âme et trahissent les pensées les plus secrètes (Odinot, 1). »
Georges Hardy, L’Âme marocaine d’après la littérature, 1929.
L’imagologue s’attache à cerner et à motiver la subjectivité des images et des stéréotypes nationaux, développés par les moyens d’expression littéraire et artistique dans leur pluralité. On présente souvent l’image de l’Autre comme un miroir plus ou moins déformant dans lequel le locuteur se contemple lui-même. Cette séduisante image du miroir met la figure du Marocain et celle de l’Européen aux antipodes dans la littérature des voyages.
L’image de l’Autre est construite au travers d’un discours où le stéréotype règne en maître glorieux. À ce titre, nous voudrions examiner le fonctionnement et la fonction des stéréotypes dans le portrait mythique de l’Autre1, à la fois marocain et français, dans un ensemble de récits de voyage qui nous semblent représentatifs. Comme il existe un nombre considérable de personnages que les voyageurs représentent dans leurs relations, nous avons sélectionné ceux de la femme marocaine et française, comme un échantillon représentatif de l’opposition Nord-Sud2.
Contrairement à l’Orientale, la femme levantine s’avère souvent être le personnage perçu de manière généralement positive chez les