Abstraction figuration
L’art raconte-t-il toujours facilement des histoires ?
On considère l’abstraction comme une tendance fondamentale de l’art du XX° siècle. L’abstrait rompt avec la tradition adoptée depuis que l’art existe, à savoir représenter le monde visible (même s celui-ci est divin et, par essence donc, peu aisément vérifiable). Le public est privé des repères classiques d’appréciation de l’œuvre et beaucoup ne pensent pas pouvoir « comprendre » l’art abstrait. D’autres le rejettent en bloc. En fait, qu’il soit abstrait ou figuratif, l’art se ressent. Il peut aussi s’analyser. Comprendre une œuvre serait plutôt connaître les intentions de l’artiste, ce qui n’est pas toujours facile. En fait, l’avènement de l’art abstrait suscite un nouveau regard sur l’art du passé. Nous pouvons faire des découvertes surprenantes en relevant les qualités d’abstraction qui sous-tendent les œuvres de la grande tradition figurative. On peut se rendre compte que des œuvres figuratives sont construites d’une manière abstraite. Dans ce rapport entre le visible et le non visible, on peut s’accorder à dire que l’abstraction est moins une époque (environ 1910/1960) qu’une forme d’esprit, un mode de pensée et de représentation.
1) L’art figuratif
1-1) La figuration pure
La figuration relève de la tradition. Elle a pour fonction de raconter, de décrire, de créer l’illusion, de refléter, voire de transformer, la réalité. Elle peut avoir aussi des fonctions historiques ou littéraires dont, parfois, l’intérêt plastique n’est pas inoubliable. Certains peintres se sont épanouis dans ce que l’on peut considérer comme de la figuration anecdotique, tels l’Allemand Karl Spitsweg (1808/1885), le Flamand David Téniers ( 1610/1690) ou le Vénitien Pietro Longhi (1702/1785).
Exposition d’un rhinocéros à Venise Pietro Longhi vers 1751 – huile sur toile
Encore une fois, une des fonctions de la figuration est souvent de raconter. L’anecdote de Longhi touche moins par les