Adolescent
Perspectives psychologiques.
Pierre Therme
Université d'Aix-Marseille
Faculté des sciences du sport
L'élève est-il porteur des singularités de son adolescence à l'école ? Cette question est un truisme pour l'ensemble des intervenants du système scolaire. Cette évidence n'est aussi que le duplicata du constat des acteurs/parents de ce même système. Mais s'agit-il pour autant d'un constat de fait, d'une déclaration qui se suffit à elle-même, qui contiendrait dans sa seule formulation les éléments opérationnels de l'intervention ou bien d'une prise en compte réelle et authentique de la singularité du sujet dans l'acte éducatif ? L'école est-elle encore le lieu d'expression de ce qu'est réellement l'élève au centre du système qui la constitue de par la loi ? Si effectivement l'élève, ce singulier, occupe une position centrale dans le champ scolaire, ce qui fonde son existence ne peut pas être mis en marge, minoré, voire dans la plupart des cas dénié. L'existence même de l'élève scolarisé, ce qui est au centre de ses priorités quotidiennes, réside dans les différentes étapes et conflits que suscite son développement.
Cette réalité psychologique incontournable est bien souvent niée par le système scolaire, négation renforcée par les revendications disciplinaires du "tout didactique". L'école, et par extension les disciplines d'enseignements, ont développé une théorie implicite du développement révélée par la problématique de l'échec et de l'exclusion. Ce modèle est celui d'une proportionnalité directe entre l'âge, découpé en tranches trimestrielles, et les capacités à acquérir la somme des savoirs compris dans les programmes. Cette fonction ne supporte donc aucun écart, elle est depuis l'entrée en Cours Préparatoire la mesure absolue du développement et donc de la réussite ou de l'échec. Or, il est aujourd'hui des acquis de l'ensemble de la communauté scientifique travaillant sur le développement : l'absence de déterminisme précoce, la forte