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Ceci est conforté, de façon audible, par l'harmonie du premier vers, avec ses assonances. Oui, les morts: «qui après nous vivez», sont bien vivants, de toute évidence, par le présent utilisé: «vivez» (et la place de ce verbe à la rime), la vivacité de l'apostrophe initiale: «Frères humains», la force du hiatus: «qui a-»; tout concourt à rendre l'apparition des pendus quasi tangible, en attendant de la rendre visuelle: «Vous nous voyez», v. 5, olfactive: «pourrie», v. 7, auditive: «Si frères vous clamons», v. 11, voire gustative: «les yeux cavés, arraché la barbe et les sourcils», v. 23-24. Cette inscription, via le texte écrit (sic!), dans le réel s'opère aussi par le truchement du rythme: les mesures ( / ) ainsi que la césure ( || ) sont bien marquées avec: «frè/res humains/||, qui/ (accentué puisque après une pause phono-sémantique) après nous/ vivez/», donc un parallélisme 2/3//1/3 s'achevant sur 2, le «nous» étant souligné par sa légère extraposition emphatique issue de l'inversion du groupe nominal prépositionnel «après nous». Ainsi les auditeurs sont-ils vigoureusement interpellés, en fait les passants bénévoles qui jettent un coup d'œil sur le gibet, vu le collectif: «nous», lui-même répété à l'envi, en jeu dialectique avec le: «vous» (exprimé ou non), tout au long du texte, à des endroits privilégiés: «Et nous», v. 8 en syndèse, puis dans le refrain, en écho avec: «tous» et «absoudre», après avoir été monnayé en polyptote avec le déterminant: «notre» au v. 9; il est repris à la césure du vers 15, en inversion aux vers17 et 18, initial dans ce dernier, comme au vers suivant, en écho à la fin du même vers. s'ensuivent