Aimer au village
Le mode de vie rural sous l’ancien régime est profondément collectif. Si l’amitié y tient une place importante, le mariage reste pour beaucoup une nécessité économique, sociale et morale, afin d’être reconnu et de s’intégrer dans la communauté villageoise.
L’intérêt qu’ont pu porter les historiens, à l’étude des sentiments amoureux de nos ancêtres est relativement récent. Il est très difficile de collecter des informations fiables sur une société qui ne savait pratiquement pas écrire et qui ne fonctionnait que par la transmission orale des us et coutumes. En outre, les témoignages de la noblesse nous offrent une image déformée des sentiments amoureux, avec une vision du paysan rustre et bestial, superstitieux et naïf. C’est en partie grâce aux proverbes et aux chansons que l’on peut appréhender les dogmes qui dirigeaient la vie des « petites gens » dans leur quotidien. Les archives judiciaires sont également une manne précieuse pour reconstituer certains évènements, même si malheureusement, la réalité des faits n’est pas toujours observable. Les archives nous informent davantage sur les cas qui posent problèmes et les déviances que sur la norme en vigueur à cette époque. Si dans le principe, il est sans doute plus facile d’aimer dans les couches basses de la société que dans les couches plus élevées, il est néanmoins légitime de s’interroger sur la place que pouvait occuper le sentiment amoureux dans la vie des ruraux. Nous allons voir dans un premier temps quelles étaient les contraintes légales, religieuses, sociales et familiales qui régissaient les premiers émois amoureux. Par la suite nous verrons les incidences que pouvaient avoir ces contraintes sur la fréquentation et le mariage, qui constituait l’objectif de toute une jeunesse.
Le célibat prolongé est rare et ne concerne qu’une toute petite partie de la population, essentiellement des domestiques agricoles et des veufs. Se