Alaoui
« Monsieur, me reconnaissez-vous ? demanda Tiberge. Je suis l’ami de votre fils. J’ai appris au cours de cette semaine que vous étiez malade, je me suis précipité dès que j’ai pu pour venir vous voir. Comment vous sentez-vous ? - Oui Tiberge, je vous reconnais, je suis content de vous revoir. Comme vous le voyez, ma santé ne fait que se dégrader, j’ai bien peur que je ne sois en train de vivre mes derniers mois et ceci me soulage, d’une certaine manière. »
Il marqua un temps d’arrêt, puis reprit la parole, plus vivement, comme s’il venait de réaliser l’importance des propos de Tiberge :
« Je vous défends d’affirmer que cet ignoble et ingrat est mon fils. Non, ce n’est pas mon fils. »
Tiberge parut étonné, le père ne lui laissa pas le temps de répondre, il enchaina :
«Un fils trompe t-il son père? Un fils le trahit t-il pour une femme qui ne lui apporterait même pas le centième de tout ce qu’on pourrait lui offrir ? Un fils déshonore t-il la précieuse confiance que lui accorde son père ?
- Je vous l’accorde, répondit Tiberge qui s’apprêtait à cette longue discussion. Il est vrai que Des Grieux s’est comporté de la pire façon qu’il soit, qu’il vous a lâché sans remords et qu’à chaque fois il a préféré les bras de sa bien-aimée aux vôtres, mais c’est votre fils après tout. Il est asservi par la passion, asservi par l’amour qu’il porte pour Manon. C’est cette passion qui lui a causé tous ses maux, qui l’a rendu trop naïf, qui