Albert Jacquad
Il est issu d’une famille catholique et conservatrice originaire du Jura, fils de François Jacquard, directeur à la Banque de France et de Marie-Louise Fourgeot. À l'âge de neuf ans, un drame bouleverse son enfance. La voiture familiale subit un accident dans lequel Albert Jacquard perd son plus jeune frère et ses grands-parents paternels. Lui-même en ressort défiguré, ce qui transforme longtemps sa perception du regard des autres (« j'ai cru qu'ils me méprisaient »)4.
En 1941, son père est nommé directeur de la succursale de la Banque de France à Gray en zone occupée. Il quitte alors le lycée de Soissons en cours d'année pour le lycée Augustin Cournot de Gray.
Albert Jacquard obtient à Besançon deux baccalauréats, Mathématiques élémentaires et Philosophie, en 19435,6.
De 1943 à 1945, Albert Jacquard est en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée privé Sainte-Geneviève situé à Versailles. La scolarité y est perturbée par les actions de la police allemande. Élève très brillant, il entre en 1945 à l'École polytechnique, en sort ingénieur des Manufactures de l'État en 1948 et intègre l'Institut de statistiques dont il est également diplômé, et devient ingénieur d’organisation et méthode.
« J’ai vécu la Libération comme un événement extérieur. J’ai été un passager de l’histoire. Je n’ai pas été du tout le conducteur. J’ai été très long à m’apercevoir qu’il fallait que je choisisse mon camp. J’étais dans le camp des salauds : ceux qui laissent faire et finalement attendent que toutes les choses s’arrangent7. »
« Par le passé, j’étais guidé par la soumission et le conformisme. J’avais une vingtaine d’années pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était comme si elle se déroulait au loin. Je n’ai pas pensé un instant à entrer dans la Résistance. J’étais trop occupé à préparer Polytechnique. En 1961, je vivais tout près de l’endroit où des Algériens ont été jetés dans la Seine. Lorsque je l’ai appris