Alexandrie 1798 1956
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Alexandrie – 1798-1956: le rayonnement d'une ville méditerranéenne entre Orient et Occident.
INTRODUCTION
La légende veut qu'au IVe siècle avant JC, un songe prédise à Alexandre le destin étonnant de la ville qu'il fonderait: « tu bâtiras une cité dont le nom se répandra par toute la terre, elle sera habitée par des gens innombrables, des souffles parfumés se mêleront à son atmosphère. ». Après des millénaires, Alexandrie remplit ses promesses, offrant au regard émerveillé des voyageurs européens et arabes des siècles passés un creuset de cultures et des trésors architecturaux sans nombre. Phare du monde hellénistique, haut lieux de la Chrétienté, place forte arabe et verrou ottoman, la ville offre un concentré des civilisations matrices échelonnées sur les pourtours de la Méditerranée. Son visage change, selon les époques mais aussi la géographie, et 1798 est à bien des égards un tournant ambigu dans l'histoire de la cité. L'Europe du XIXè siècle, imprégnée de culture grecque, fait irruption sur les cotes égyptiennes ce 2 juillet 1798, avec l'expédition napoléonienne, à la recherche d'épopée orientale et de gloire antique. Porte d'entrée de l'Égypte, mais aussi des côtes africaines, et de tout un Orient rêvé, Alexandrie assiste au débarquement d'une cohorte de scientifiques, de militaires et d'artistes, qui à eux seuls laissent présager du futur éclat de la ville. Et pourtant, à l'aube du XIXe siècle, la cité d'Alexandre déçoit l'Europe: envolée, la gloire d'Alexandre, effondrée, les temples grandioses de Cléopâtre. Le regard européen désabusé se contente de relever les tracés de la ville antique, que les populations modernes ont désertée. La ville turque trahit sa matrice antique, et n'intéresse que peu le voyageur de ce premier XIXe siècle. Alors que l'archéologie prend son essor sur les rives grecques et turques de la Méditerranée, les ruines d'Alexandrie