Choderlos de Laclos a donc fait de Madame de Tourvel un personnage authentique, un modèle de franchise et de sincérité qui contraste d'autant plus avec les mensonges et les fourberies permanentes de Madame de Merteuil et de Valmont. une ode à la manipulation "Les Liaisons dangereuses" est un roman épistolaire qui repose sur le mensonge Être et paraître Ce qu'on pouvait faire, ce qu'on devait penser et ce qu'il fallait paraître. (lettre LXXXI) Réducteurs et destructeurs de l'intégrité de la personne, les deux conformismes antagonistes contraignent leurs victimes à paraître autres qu'elles ne sont. La préoccupation dominante, dans les deux camps, est celle de l'opinion publique. Les notions de considération, de réputation, sont essentielles et apparaissent à chaque page du roman, aussi bien sous la plume de Madame de Merteuil que de Madame de Volanges. La honte, l'humiliation et la rougeur qui en est le signe, le ridicule, particulièrement du côté des libertins, mettent en valeur l'importance du mimétisme. Peu importe ce que l'on est vraiment ; l'essentiel est ce que l'on paraît aux autres, la manière dont on maintient sa réputation, c'est-à-dire l'image que l'on s'est créée dans l'opinion publique, en rivalisant avec les autres dans le conformisme. Madame de Merteuil est, aux yeux des femmes, le modèle des prudes, comme Valmont le modèle des libertins.
Dès le début du roman, c'est-à-dire dès les premières lignes de la première lettre de Cécile à Sophie Carnay, il est question de parures et de rivalité à propos de ces parures. Cécile se promet d'aller narguer une de ses anciennes compagnes, "la superbe Tanville", qui était venue elle-même la narguer, "_in _fiocchi", au couvent. Ce n'est évidemment pas un détail insignifiant. Dans une société dominée par le mimétisme, la rivalité sur le paraître devient la grande affaire, et l'on verra comment, en ce qui concerne Madame de Merteuil, c'est affaire vitale.
C'est donc dans le regard des autres que