INTRODUCTION Dans cet extrait de vous frres humains, Albert Cohen raconte les consquences sur sa personnalit du traumatisme que fut, lanne de ses 10 ans, linsulte publique concernant ses origines juives, formule par un camelot. Ce court chapitre voque le dsarroi de lenfant que nous allons donc prsenter selon deux axes une errance symbolique, le tmoignage dune souffrance. Question possible comment lautobiographe met-il en scne son dsarroi PREMIER AXE UNE ERRANCE SYMBOLIQUE Linsulte, ressentie comme une surprise et comme une injustice par lenfant, provoque une fuite honteuse, fuite qui prend la forme dune assimilation aux infamies et aux barbaries subies par les Juifs de toute ternit. Nous notons cette assimilation par lallusion au Pays de Chanaan, cit dans la Bible, o Dieu rvla la naissance du fils de Sarah, pre dun immense peuple, le peuple lu. Cest une rvlation. De mme, le texte souligne que le petit garon est inscrit dans cette rvlation puisque dsormais il sait que sa vie sera marque par la judit. Lexpression la dixime anne juive de ma vie fournit cette explication Albert Cohen est donc pass de linconscience la conscience, de la protection la rvlation. Nous notons ce changement dans lopposition implicite entre lamour (ma mre, mon pre) et la haine anonyme et collective (le camelot, mais aussi la foule qui a accompagn les violences verbales du camelot). La solitude est donc au cur des sentiments de lenfant. Le champ lexical de la perte des repres est utilis dans le chapitre (le verbe errer mentionn deux fois, le verbe senfuir et dautres verbes de mouvement comme aller ou arriver). Notons aussi lallitration en r du dbut de la deuxime phrase (avec la rptition de dans les rues) qui signale lamertume et le dsarroi. La perte des repres mentaux engendre la perte des repres spatiaux. Il est perdu dans une ville dont il ne sait comment fuir, ne sachant pas o se trouve la gare. Tributaire dautrui, il est dsormais li la parole anonyme de la rue (un passant, une femme).