Alofa
2003
Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salled'audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l'accusé et l'ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L'ancien secrétaire général de lapréfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n'est moins sûr. Par la suite l'homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaquefois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé." Mais que signifie à la fin le nez rouge, comme abandonné, oublié sur la couverture ? Il est d'abordl'absence, ou le dévoilement trop tardif d'un père dont il a connu l'histoire trop tard, trop tard pour découvrir quel héros était ce père, ce qui lui aurait évité les sarcasmesméprisants du "morveux" qu'il était alors. Du mépris, il en avait aussi, et à revendre, pour l'oncle Gaston et la Nicole, sa petite femme potelée. Mais voilà qu'un jour ... Gaston s'installedevant une bière, au café d'en face, pour lui rapporter toute l'histoire. Celle qui a fait de son père, d'un simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir(tous) les mois difficiles, un résistant. Un résistant - avec son nez rouge - à toutes les indignités de la guerre et à toutes les mascarades, à toutes les pitoyables pitreriesd'après-guerre, où les accusés finissent par apparaître comme les véritables augustes aux cheveux rouges. Ce livre vous happe, et derrière les "effroyables jardins", on en découvre d'autres,incroyablement soignés et beaux comme des paradis, où l'on peut continuer, dignement, à "être des hommes
Michel QUINT Effroyables Jardins [à continuer]