Amant
10/06/2010
(Revue Spiritualité. No 7 & 8. 15 Juin- 15 Juillet 1945)
J’étais une gouttelette dans l’Océan du Mystère,
et maintenant je ne retrouve plus cette gouttelette[1].
Sans me montrer trop amoureux de l’Orient, je voudrais communiquer un peu de ma joie.
« On demanda un jour à l’Océan pourquoi il était couvert d’une robe bleue qui annonçait le deuil, et pourquoi son eau était agitée comme si le feu la faisait bouillonner. Il répondit que ses vêtements bleus annonçaient la douleur qu’il éprouvait d’être séparé de Dieu et que c’était le feu de son amour qui le faisait bouillonner. »
Dans la République des Oiseaux, la Huppe, messager de Salomon, apporta une Invitation au Voyage d’une espèce nouvelle.
Plus d’un protesta, et même s’il partit, le soleil, le froid, la faim, la soif, la fatigue taraudèrent l’ardeur de sa foi.
Pourtant, là-bas, (la Huppe l’a dit) on trouvait le royaume de Sîmorg.
Et qui donc, malgré les sept vallées, n’eut point envie d’y accéder ? Nous envions ces oiseaux. Hélas ! Trente seulement survécurent. Et là-bas, tout d’abord, ils n’aperçurent pas l’oiseau fabuleux. Ils aperçurent seulement un miroir et ce miroir a réfléchi leurs corps fatigués.
La Huppe les avait-elles trompés ?
Non.
S’ils ne l’ont pas trouvé, c’est que Sîmorg se trouvait au fond de leur âme.
Ainsi s’exprime l’identité de Sîmorg (Dieu) et simorg (trente oiseaux).
***
Évidemment, il ne faut pas aller jusqu’en Orient pour trouver de pareilles mystiques. Souvenons-nous de Ruysbroeck, Suso, Tauler. Il faut même avouer que la mystique iranienne réunit des apports étrangers. Son inégalable mérite consiste dans sa forme : en effet, nul ne traduit mieux qu’un Bisthamî, un Khayyâm ou un Attar, par de belles images l’Ineffable.
Vu dans les détails, le Langage des Oiseaux ne perd nullement son intérêt.
Première difficulté posée : le problème du Mal.
« Dans ce chemin,