Amour
Ces vers sont à toi déjà lointaine et morte,
Douloureuse peine qui fracasse mes rêves;
Moi qui t'ai vu heureuse et belle, je t'apporte
Ces vers, comme un bouquet de lys sur ta beauté
Tu sus trop tôt que l'homme que je suis fut mauvais
Et le sel du regret aprés ta mort m'est resté.
Ton sourire autrefois s'ouvrait en ciel de Mai,
Et les voiles de tes paupières se refermaient
Des prunelles d'azur pareilles sous les cils
Robe en satin dans l'ombre nuptiale.
Et elle me laissa solitaire, Abijah
Sur la grève, vouée à l'éternel exil.
La chaude volupté qui couvait dans ta chair
Trempait d'un flot de pourpre ardent et magnifique
Ton teint si délicat qu'il semblait tissé d'air
Et ton âme faisait frémir la mienne.
Je t'ai secrètement aimé,pauvre fille,
Dans tes heures de joie, à tes heures de peine
Et surtout j'ai eu confiance en toi puisque tu m'aimais.
Ces vers voudraient pleurer la splendeur de ton corps
Qui ne connaîtra plus l'amour terrestre
Et dans ton morne exil vers DIEU
Comme un joyau royal dans un coffre scéllé.
Je n'ai jamais eu cet espéré dernier voeu
J'aurais voulu m'endormir dans tes bras.
Hélas! il faut pourtant recommencer à vivre!
Adieu,admirable flamme, âme automnale,
Ciel du soir traversé de colombes plaintives, belle,douce et pure et défunte