analyse de danse
Vers un modèle d’analyse fonctionnelle en danse :
Rosas danst Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker
Philippe Guisgand1
Résumé
L’utilisation métaphorique du langage est particulièrement sensible dans les productions écrites qui traitent de danse. Les éléments de compréhension du travail sur le médium – corps sont rarement livrés dans la littérature consacrée aux chorégraphes et à leurs œuvres. Le discours descriptif relatif au corps dansant se révèle rare, épars, fragmentaire et sans cadre sous-jacent. C’est pourquoi nous proposons un outil de lecture du corps basé sur un point de vue fonctionnel : appui, rythme, plasticité et distribution permettent d’expliciter la construction du mouvement. L’analyse de Rosas danst Rosas nous permet de montrer en quoi un déplacement du discours vers l’architecture de la danse peut contribuer à éclairer les soubassements corporels d’un style chorégraphique. Cette approche constitue un complément analytique à la lecture métaphorique du mouvement, telle qu’on la trouve dans la littérature consacrée à la danse.
I) Introduction
Dans « Le grain de la voix », Roland Barthes pose le problème de la capacité d’un système sémiotique (la langue) à en interpréter un autre (la musique). L’auteur évoque l’effort linguistique minimal de la critique, à savoir l’utilisation de la catégorie la plus pauvre, c’est-à-dire l’adjectif :
« Dès lors que nous faisons d’un art un sujet (d’article, de conversation), il ne nous reste plus qu’à le prédiquer ». On a donc affaire à une « critique adjective », une « interprétation prédicative »2.
Sommes-nous acculés à ce dilemme : le prédicable ou l’ineffable ?
Il me semble que le déplacement opéré d’un discours sur l’interprétation, sur les qualités de la danse, vers un langage centré sur l’architecture de la danse permettrait, non seulement de dépasser
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