Analyse de film: die wielle
6936 mots
28 pages
“Ras le bol d’avoir à se sentir coupable pour un truc qu’on n’a pas fait!”. C’est le reproche que fait Jens, un élève, au professeur Wenger dans l’une des premières scènes du film La Vague, lorsque celui-ci vient leur parler de l’Autocratie. La Vague, c’est d’abord l’histoire de cette jeune génération d’Allemands qui peine à assumer l’histoire de son pays. C’est aussi l’histoire de jeunes qui pensent en savoir assez pour se préserver d’une nouvelle dictature, d’un nouveau régime totalitaire. Lorsque Wenger demande : « Donc, pour vous, il n’y aura jamais de nouvelle dictature ? », la réponse spontanée, immédiate de Jens, futur protagoniste du mouvement La Vague, se fait entendre : « C’est pas possible, on nous a assez mis en garde ». C’est dans ce cadre scolaire que Rainer Wenger décide de mener une expérience grandeur nature : développer un mouvement totalitaire. On parlera uniquement de mouvement ici car c’est bien ce qui se met en place. Jamais l’expérience n’ira jusqu’à la mise en place effective d’un régime totalitaire. Mais l’institution scolaire s’avère être un bon cadre en tant qu’institution fermée, particulière où s’appliquent des mesures d’ordre intérieur bien spécifiques. Et le mobile paraît recevable : il s’agit de développer un mouvement totalitaire à des fins pédagogiques. Ce ne sont pas ces jeunes Allemands qui sont visés au travers d’une telle expérience mais bien toute cette génération qui n’a fait qu’entendre parler de la Guerre, cette génération pour laquelle les survivants de la Deuxième Guerre mondiale par exemple relèvent plus du mythe que de la réalité puisqu’ils n’y ont jamais été confrontés ; cette génération pour laquelle les régimes totalitaires appartiennent au passé, un passé qu’ils n’ont pas vécu et dont ils n’ont entendu parler qu’au travers des libres, des films ; cette génération qui se croit préservée de ce qui est considéré comme un fléau. La manière dont ces jeunes vont s’enhardir et faire grandir, sans même en avoir conscience,