Analyse de spectacle de danse
Mathilde Monnier et Jean-François Duroure, danseurs et chorégraphes se sont rencontrés au Centre National de Danse Contemporain d'Anger. Ensemble, ils s'expatrient à New-York pour étudier chez Merce Cunningham, mais partent rapidement, car ils trouvent sa chorégraphie trop autocentrée. Ils créent alors Pudique Acide en 1984, qui est une réaction poétique à cette école américaine à laquelle ils se sentent étrangers. Le second volet, Extasis, fut créé un an plus tard à Lyon. Presque trente ans après, ces deux artistes ont voulu réaffirmer leur engagement spécifique, témoignage d'une folle jeunesse et de l'emballement de leur début de carrière. Dans un théâtre de type italien, en dépit d'un balcon, la salle est plutôt petite, le plateau surélevé proche du public. Dans cette adaptation, deux nouveaux danseurs, Sonia Darbois et Jonathan Pranlas prennent la place des créateurs initiaux, les chorégraphes eux-mêmes. Réappropriation et transmission d'un matériau de création. Aucune parole n'est prononcée durant le spectacle. Cependant, l'histoire et la transmission des sentiments restent intacts. On peut alors se demander, comment la danse peut-elle être mise en scène dans un but narratif. Pour cela, nous étudierons dans un premier temps le langage du corps, puis la mise en scène de la danse.
I. Le langage du corps. 1. Le jeu des acteurs et leur danse.
Ce spectacle en deux parties s'ouvre sur une première partie intitulée Pudique Acide. Sonia Darbois est seule sur scène, puis rejointe par Jonathan Pranlas. Leur danse commence dans un silence complet. Seuls leurs pas et leur souffle sont audibles pour le spectateur. Leur émotion paraît assez neutre. Leur visage ne reflète aucune émotion particulière. Tout passe essentiellement par la chorégraphies de leur corps, qu'ils dansent à deux ou séparés, qu'ils produisent ou non les mêmes gestes. Ces ressemblances et différences constituent l'histoire qui se joue sous les yeux du spectateur.