Analyse du cid
La demande du père est claire : il faut se venger pour recouvrer l’honneur perdu. Cette demande revêt en fait un caractère jussif (mode impératif : « viens, mon fils, viens […] », « va », « meurs ou tue », « venge-moi, venge-toi », etc.) et la récurrence des termes propres à la vengeance (« venger », « vengeance », « viens réparer ma honte », « punir », « va […] éprouver ton courage », etc.) en dit long sur le rôle futur de Rodrigue.
Le code de l’honneur et les liens du sang : dès le premier vers de notre scène (« Rodrigue, as-tu du cœur ? »), don Diègue fait appel à la moralité héroïque de son fils. Don Diègue réclame la vengeance que seul son fils pourra exécuter : aussi, don Diègue n’hésite pas à recourir à l’argument de la lignée (au moyen du symbole du « sang ») pour le convaincre ; Rodrigue devra « reverser » le sang qu’il a reçu à sa naissance pour mettre en œuvre la rédemption de la race, c’est-à-dire de la famille. Avec la métonymie dans « viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte », Rodrigue et le sang ne font qu’un. En effet, dans le dernier vers, don Diègue prononce le pronom « nous » plutôt que « me » après la gradation ascendante « va, cours, vole ». C’est l’épée (métonymie : « et ce fer, […] je le remets [à ton bras] » qui assure le lien entre la victime et le vengeur, c’est elle qui va « laver » le