Analyse femme au chapeau
Aussi, rien, semble-t-il, dans la Femme au chapeau, qui renvoie à Mme Matisse, à une femme réelle. Dans ce portrait, pas un des espaces ou champs colorés, si vaste ou si petit soit-il, qui ne se trouve sur le même plan. Toute la peinture est comme la reconstruction logique, dans l’ordre de l’artifice, d’une figure dépecée. Ceci pour chaque unité de référence figurative, ou élément de couleur, qu’il s’agisse de ceux qui "constituent" (la femme - visage ou buste), de ceux qui "constituent" (le chapeau), de ceux qui "constituent" dans ce rectangle (le tableau). La tache verte qui touche (la joue) gauche du puzzle (de la figure), n’est ni plus ni moins solide que la figure, ni plus ni moins "réelle" - elle paraît être bien en avant de la figure (du visage), mais dès qu’on s’arrête à ce dernier on s’aperçoit que ce qui le constitue est également pris dans une multiplicité de possibilités de plans. Le nez, la bouche, les sourcils, les yeux, les joues, le front, l’oreille (le rouge, le jaune, le vert, l’orange, le brun...) sont, les uns par rapport aux autres, comme appartenant à autant d’espaces différents, et créent une figure toute en surface et en trous, comme si le visage avait été hâtivement écorché et la peau étalée, aplatie sur la toile. Mais encore une fois, ce qui est valable ici au niveau du détail l’est aussi au niveau de l’ensemble. A gauche, le rouge (des cheveux) dispute le premier plan à la tache verte à droite (la tache qui touche la joue gauche du modèle). La construction complexe (le chapeau) qui remplit en grande partie le tiers supérieur de la toile a, sinon plus, au moins autant d’importance que tout