analyse inocent
Vous avez sûrement croisé un jour dans votre supermarché ou à la sandwicherie du quartier son petit visage stylisé, surmonté d’une auréole. On donnerait le bon Dieu sans confession à ces petites bouteilles de fruits pressés qui ont fait connaître à l’Europe les délices du « smoothie ». La société britannique Innocent est la preuve vivante que l’on peut encore lancer des entreprises innovantes et grand public en Europe, et qu’il n’y a pas besoin pour cela de vendre des cravates sur Internet. Démarrée de zéro il y a dix ans, en même temps que Google, elle n’en a évidemment pas connu la croissance échevelée, mais en rassemble les mêmes ingrédients : une vraie aventure entrepreneuriale aux couleurs du XXIe siècle. Avec plus de 200 personnes et 100 millions de livres de chiffre d’affaires réalisé dans onze pays d’Europe, son parcours est exemplaire et déjà étudié dans les écoles de commerce. La récente entrée à son capital de Coca-Cola a sonné comme une consécration, lui apportant les moyens financiers de son développement, tout en laissant planer la menace de la fin de l’indépendance d’une société qui vend tout autant un produit que des valeurs.
Pourtant, la clef de la réussite d’Innocent réside bien dans ces deux ingrédients : une équipe et un concept. Comme pour Google, créé par deux copains de l’université de Stanford. Richard Reed est l’homme des idées et du baratin, c’est lui qui est derrière les étiquettes bavardes à souhait ornant les petites bouteilles. Jon Wright est un fana de technologie. Adam Balon, lui, est le vendeur-né. Ils sont inséparables et voient la vie de la même façon : urbaine, intense, nocturne et, bien sûr, mâtinée d’une bonne dose de conscience (ou de mauvaise conscience) écologique. Dès le début, ils décident qu’aucun des trois ne sera le chef et que toutes les décisions seront collectives. Leur complémentarité sera encore affinée par une expérience professionnelle dans la