ANALYSE Le chêne et le roseau LA FONTAINE
Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau. Le moindre vent qui d'aventure Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La Nature envers vous me semble bien injuste. Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs. L'Arbre tient bon ; le Roseau plie. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
Introduction
Jean de La Fontaine, au XVIIème, utilise ses fables moralisées pour dénoncer abus et états de la société. Son appartenance au milieu de la nature lui fournit de nombreuses idées, et lui permet, avec une facilité étonnante de personnifier animaux et végétaux en vue de les rendre actuels à la société, de refléter les idées.
De plus, son expérience du protectorat de Fouquet, arrêté de force par Louis XIV, lui confère les possibilités d’énoncer et de traiter inlassablement de la "Loi