Madame Bovary recèle des aspects réalistes et des aspects romantiques, comme l’œuvre de Flaubert, qui oscille elle-même sans cesse de la grisaille à la couleur, de la terne réalité aux fastes de l’imagination. Il y a loin de l’Éducation sentimentale à Salammbô, de Bouvard et Pécuchet à la Tentation de saint Antoine. Mais même lorsque Flaubert entend écrire sur un sujet trivial, il renonce au réalisme pur. Flaubert pouvait affirmer : « Ma pauvre Bovary souffre et pleure dans vingt villages de France ! », preuve qu’il ne s’agissait plus de la simple transcription réaliste de l’affaire Delamare. L’auteur des Trois Contes se situe exactement à la charnière de son siècle, héritant du mal du siècle romantique, cette difficulté à vivre dans un monde borné, il annonce le spleen baudelairien et l’incapacité à s’accommoder d’une existence qui brime l’idéal. Épurant le romantisme de ses excès, il fonde une certaine impartialité dans le récit, ouvrant la voie au roman moderne fait de critique et d’échec[réf. souhaitée].
Flaubert disséquant Madame Bovary.
Caricature d’A. Lemot parue dans La Parodie en 1869.
Madame Bovary a été profondément influencé par Don Quichote, de Cervantes. Flaubert, pendant qu'il écrivait le roman, s'exclama : « Je retrouve toutes mes origines dans le livre que je savais par cœur avant de savoir lire, Don Quichotte ». Alonso Quijano et Emma Bovary désirent ardemment imposer les conventions du roman de chevalerie et des œuvres romantiques, respectivement, à la vie, ce qui mène « le héros et l'héroïne à la destruction, la désillusion et finalement à la mort ». Soledad Fox relève que « les emprunts et les transpositions sont substantiels », dans ce roman comme dans l'Éducation Sentimentale et Bouvard et Pécuchet, ultérieurement5. Le roman de Flaubert est donc un regard littéraire sur la