Etudiante de deuxième année en soins infirmiers, je réalise mon deuxième stage de semestre 3 au sein d’un cabinet d’infirmier libéral. Nous allons voir madame S., 80 ans, tous les matins pour une glycémie et les médicaments. Un matin, vers 7h, l’infirmière et moi, nous nous rendons chez madame S. Nous la trouvons allongée sur le sol. Elle nous dit qu’elle est tombée la veille au soir et qu’elle n’a pas pu se relever. L’infirmière tente de l’aider à la redresser mais elle se plaint de douleurs aux jambes et aux côtes. Je réalise la glycémie et lui donne ses médicaments. L’infirmière appelle les pompiers et me demande de rester avec madame S. le temps qu’elle se rende chez la patiente suivante. Je m’agenouille donc auprès de madame S. et lui demande de quelle façon elle est tombée et si elle ressent toujours des douleurs. Elle me répond puis me dit que si elle n’était pas toute seule, elle ne serait pas tombée. Elle me demande alors de prendre un sac et de préparer ses affaires pour aller à l’hôpital. Je lui réponds qu’elle ne sera pas forcément hospitalisée. Elle me regarde avec de grands yeux, l’air surpris en me disant « ah bon, l’hôpital ne garde pas les gens ? ». Je lui explique que les gens restent à l’hôpital seulement s’ils en ont besoin. Elle me dit qu’elle aime bien aller à l’hôpital, qu’il y a du monde pour s’occuper d’elle et qu’elle ne s’y sent jamais seule. Je lui dis que qu’elle doit se sentir seule. Les larmes aux yeux, elle me répond que ses enfants ne viennent pas la voir souvent. Je lui dis que je perçois sa tristesse. Elle me dit qu’elle trouve ses journées longues et qu’elle aime pourtant avoir du monde chez elle. Elle raconte qu’elle est malheureuse et qu’elle aimerait voir ses petits-enfants plus souvent. Sa voix est de plus en plus basse et chevrotante. Je lui demande si elle trouve qu’aller à l’hôpital pour cette raison est une solution. Elle secoue la tête pour dire non et me dit qu’elle devrait peut-être en parler à ses enfants. Je