Analyse Poeme Corneille
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront :
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes
Vous serez ce que je suis.
Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y, belle Marquise,
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Quand il est fait comme moi.
Pierre Corneille (1606-1684)
Situation
Marquise est Thérèse Du Parc, une comédienne de la Troupe de Molière, dont sont amoureux le vieux Corneille et le jeune Racine. Ce dernier en fera sa maîtresse, ainsi que l’interprète d’Andromaque, sa célèbre pièce.
Corneille, si l’on en croit ce qu’il lui dit plutôt cruellement ici, n’a certainement pas eu droit à ses faveurs…
Lecture
Respecter le rythme de la chanson. Ce sont des vers de sept syllabes ! Scander avec une pause après la troisième ou la quatrième syllabe, ce qui provoque rapidement l’impression de mélopée voulue par l’auteur.
Les stances, selon la définition du dictionnaire, sont des « poèmes lyriques d’inspiration grave (religieuse, morale, élégiaque) composés d’un nombre variable de strophes habituellement du même type. »
Axe de lecture
Grandeur et bassesses de l’écrivain
Lecture méthodique
1. Les mesquineries :
L’attaque est brutale (strophe 1) et le coup bas. Le ton est donné : l’ironie domine dans ce texte. Si le fait énoncé est probable, voire certain, il n’y a aucune