Analyse rashomon
Rashomon, l'oeuvre qui le fit connaître en Occident en 1950, est donc aussi un formidable scénario. Il est adapté d'une nouvelle de Ryunosuke Akutagawa par Shinobu Hashimoto et Akira Kurosawa lui-même.
Nous allons, dans une première partie, prendre connaissance de la dynamique propre au scénario. Dans une seconde partie nous verrons comment Kurosawa s'en est emparé cinématographiquement.
A. LE SCENARIO
I. L'argument
Nous sommes en 760 en pleine guerre civile. Un passant, un bûcheron et un moine se protègent d'une pluie battante en s'abritant sous ce qui reste d'une porte, dite "porte des démons" (Rashomon).
Un crime a été commis. Le moine et le bûcheron ont été convoqués au tribunal pour témoigner. Le moine fait part au passant et au bûcheron de son angoisse. Le crime commis, qui dépasse sa compréhension, le terrifie. Cela dit (c'est le bûcheron qui parle) : .
C'est la première réplique du film : "Rien... j'y comprends rien...". Faut-il cependant s'y fier? Je défendrai, en fin de note, la thèse que c'est le personnage du bûcheron qui est, peut-on dire pour la bonne cause?... le plus manipulateur. Il aurait en réalité "tout compris". Nous verrons comment.
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Il s'agit en réalité d'un sordide fait divers que l'on peut ainsi résumer : un voleur de grand chemin (Tajomaru) apercevant un couple d'un rang social supérieur, lui en arme et elle montée sur un cheval blanc, attire le mari dans un piège, le ligote et viole sa femme. Le mari est tué. Malade Tajomaru est arrêté en possession des armes du mari. Il comparaît devant le tribunal et sait qu'il n'échappera pas à la mort.
Nous appellerons F le fait divers tel qu'il s'est déroulé effectivement.