Peau d’ÂnePeau d’Âne (Jacques Demy, 1970) par Maxime Rossillion
Demy aurait voulu adapter le conte de Perrault en se basant sur sa vision d’enfant¹. “D’après le conte de Charles Perrault”, qui est inscrit en grosses lettres jaunes au début du film. Demy enfant, d’après le conte de Charles Perrault, aurait vu se déployer devant lui des décors pompeux, pleins de couleurs et brillants de prestiges, des forêts verdoyantes où tout gazouille sans arrêt - tout un monde féérique inspiré par la chanson. …afficher plus de contenu…

C’est cette thématique qui émane du conte et c’est celle qui guide le film, étant son second élément déclencheur (après la mort de la reine). La morale professée l’est faite par son biais : en renonçant à une passion incongrue, tout le monde est récompensé. Mais le conte comme le film ne se veut pas tout blanc tout noir. Car l’accent est mis sur la sou�rance du roi, veuf solitaire qui doit obéir à son statut royal ; il est une sorte de “bête malgré lui”, sans que l’acteur qui l’interprète y soit pour peu de choses ; parce que …afficher plus de contenu…

marionTexte surligné marionNoteIl est vrai que les motivations de la fée sont mêlées, et qu'elle est un personnage beaucoup plus humain que merveilleux, mais comme vous le dites vous-même, elle est la seule protectrice de la princesse. Le fait qu'elle veuille épouser le roi est-il nécessairement contradictoire avec son opposition de principe à l'inceste. L'analyse de sa chanson était nécessaire ici : vous évoquez Lévi-Strauss, et c'est littéralement le rappel qu'elle fait à la princesse, en l'invitant à distinguer les amours, et l'aidant à régler le conflit entre son amour pour son père et la peur que le mariage avec lui lui inspire. La fée a beau avoir ses propres désirs, elle incarne aussi la modernité (cf les