Andromaque - scène finale
Acte V scène V
v. 1613-1644
Dans l’Antiquité, Aristote attribua aux tragédies une double-fonction : plaire tout en éduquant le spectateur en le purgeant de ses passions : c’est ce qu’on appelle la catharsis. Ce principe fut repris par les dramaturges français classiques du XVIIème siècle. Andromaque (1667), tragédie en cinq actes de Racine (1639-1699), l’un des plus grands dramaturges classiques, marque son premier vrai succès. Cette pièce est menée tout au long par le principe d’Aristote et présente une chaîne amoureuse unilatérale, avec des personnages empreint d’une passion extrêmement forte, voir dévastatrice. Nous nous trouvons au dénouement de la pièce : Pyrrhus est mort assassiné, Andromaque est épargnée. Hermione s’est poignardée sur le corps de Pyrrhus. Dès lors, la question qui se pose à Racine est de savoir comment sceller le sort d’Oreste. Dans ces tirades qui tournent au monologue, nous montrerons dans un premier temps en quoi Oreste est un personnage tragique, soumit à l’acharnement divin et la fatalité. Dans un second temps, nous mettrons en évidence la vision pessimiste de la passion chez le dramaturge, vision qui se traduit par un personnage submergé par une folie dévastatrice.
I Un héros tragique : l’ivresse du malheur
A) Un personnage tragique, poursuivi par le remord
- Pronom pers. 1ère p. du singulier : «je» v.1614/…/1644, «me» v.1615/1627/1643, «moi» v.1628/1635. Adj. pos. : «mon» v.1613/…, «ma» v.1617, «le mien» v.1622. Place Oreste au centre de la tirade.
- Synecdoque des «trois cœurs» v.1624 : un cœur de trop, triangle amoureux déséquilibré ce qui mène à la folie et la souffrance d’Oreste.
- A rapprocher avec le parallélisme «Dans leur sang, dans le mien» v.1622. Oreste a conscience d’être en plus, leur sort est lié mais il est à part, en dehors.
- Echos à la scène I de l’acte I : la scène s’ouvre et se clos sur Oreste, LE personnage tragique de la pièce. ʺLa boucle est