André comte-sponville, mai 1999.

778 mots 4 pages
André Comte-Sponville, mai 1999.

Nous en sommes à la phase où le conscient devient modeste ", écrivait Nietzsche. Et la psychanalyse, depuis lors, nous a donné bien d’autres raisons de modestie. C’est toujours bon à prendre. Nul n’ignore, aujourd’hui, que la conscience n’est qu’une petite partie de nous-mêmes (" la plus superficielle ", disait Nietzsche), qui résulte de toutes sortes de processus, tant physiologiques que psychologiques, qu’elle ignore.

Qui sent fonctionner ses neurones ? Qui perçoit son propre inconscient ? Ses propres conditionnements ? Et comment pourrions-nous les contrôler, puisque tout contrôle les suppose ou en dépend ? C’est ce qu’on a appelé l’ère du soupçon.

Depuis Nietzsche, Marx et Freud, la conscience aurait découvert ses limites : nous savons désormais que nous sommes le résultat d’une histoire dont nous ignorons l’essentiel, et qui détermine la conscience, comme disait Marx, bien plus que la conscience ne la gouverne.

Tout cela n’est pas aussi neuf qu’on le croit parfois (voyez Montaigne, Spinoza, Diderot, Schopenhauer…), ni aussi dépassé que d’autres, déjà, ne le suggèrent. Que Marx ou Freud soient moins à la mode qu’il y a trente ans, cela ne suffira pas à restaurer le sujet prétendument souverain – celui de Descartes, celui de Sartre –, qu’on croyait absolument libre et transparent à lui-même. C’est heureux. Le soupçon lucide, de soi à soi, vaut mieux que la confiance aveugle.Quant aux sciences dures, qui viennent aujourd’hui rivaliser avec les sciences humaines, elles nous donneraient plutôt de nouvelles raisons de méfiance.

Avec l’inconscient ou la société, on pouvait encore ruser, se révolter, entreprendre de s’en libérer. La psychanalyse ou le marxisme servaient à cela. Mais avec les neurones ? Mais avec les gènes ? Mais avec ce corps qu’on est, qui nous fait, qu’on ne choisit pas ? Bref, le sujet n’est ni souverain ni transparent : opaque, au contraire, prisonnier des illusions qu’il se fait sur lui-même et

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