André gide et sa critique de la princesse de clèves de mme de la fayette
Dissertation
En avril 1913, dans une entrevue accordée à La Nouvelle Revue Française, André Gide répond à la question suivante : « quels sont les vingt volumes que vous choisiriez si vous étiez obligé de passer le reste de votre vie avec une bibliothèque réduite à ce nombre ? » En réponse, l’auteur formule, à propos de La Princesse de Clèves, roman de Mme de La Fayette oublié en 1678, le jugement suivant : « Aucun secret, aucun retrait, aucun détour ; nulle ressource ; tout est mis en lumière, en valeur et rien à attendre de plus ; sans doute c’est le comble de l’art, un nec plus ultra sans issue. ». Dans ses propos, André Gide fait une critique du roman de Mme de La Fayette. Il confère à La Princesse de Clèves une simplicité d’écriture et de lecture, une fluidité qui a l’air agréable en apparence car si l’on regarde de plus près sa critique, on constate que le roman est trop simple à son goût. En effet, il n’y a « aucun secret, aucun retrait, aucun détour », le roman semble ici sans aspect. De plus, « il n’y a rien à attendre de plus », il n’engrange aucune réflexion et il est « sans issue ». « C’est le comble de l’art » certes de tout montrer, de tout mettre « en valeur » mais le roman n’en a plus d’attrait. Gide s’en prend aux personnages qui n’ont pas de « secret » et à la narration sans « détour ». Nous allons donc nous demander si le roman La Princesse de Clèves, comme nous le suggère André Gide, est sans aspérité, formé d’un récit uniforme mettant en scène des personnages transparents. Pour tenter de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps, par le biais de la structure et de la narration, que le récit peut en effet être considéré comme clair et simple. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux récits enclavés, au thème de la passion et au personnage de la princesse qui sont la complexité du roman. Et enfin, nous étudierons une certaine ambiguïté romanesque.
André Gide nous laisse donc entendre