Anthologie romantisme
Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse,
Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard;
La nuit tombait; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse.
Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse;
Les astres rayonnaient, moins que votre regard.
Moi, je parlais tout bas. C'est l'heure solennelle
Où l'âme aime à chanter son hymne le plus doux.
Voyant la nuit si pure, et vous voyant si belle,
J'ai dit aux astres d'or: Versez le ciel sur elle!
Et j'ai dit à vos yeux: Versez l'amour sur nous! Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations
( Edward Robert Hugues (1851-1914)
Églogue
Nous errions, elle et moi, dans les monts de Sicile.
Elle est fière pour tous et pour moi seul docile.
Les cieux et nos pensés rayonnaient à la fois.
Oh! Comme aux lieux déserts les cœurs sont peu farouches!
Que de fleurs aux buissons, que de baisers aux bouches,
Quand on est dans l'ombre des bois!
Pareils à deux oiseaux qui vont de cime en cime,
Nous parvînmes enfin tout au bord d'un abîme.
Elle osa s'approcher de ce sombre entonnoir;
Et, quoique mainte épine offensât ses mains blanches,
Nous tâchâmes, penchés et nous tenant aux branches,
D'en voir le fond lugubre et noir.
En ce même moment, un titan centenaire,
Qui venait d'y rouler sous vingt coups de tonnerre,
Se tordait dans ce gouffre où le jour n'ose entrer;
Et d'horribles vautours au bec impitoyable,
Attirés par le bruit de sa chute effroyable,
Commençaient à le dévorer.
Alors, elle me dit: «J'ai peur qu'on ne nous voie!
Cherchons un antre afin d'y cacher notre joie!
Vois ce pauvre géant! Nous aurions notre tour!
Car les dieux envieux qui l'ont fait disparaître,
Et qui furent jaloux de sa grandeur, peut-être
Seraient jaloux de notre amour!» Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations
( Eugene Delacroix (1798-1863), Ariane abandonnée ou L'Automne
Billet du matin
Si les liens des cœurs ne sont pas des mensonges,
Oh! Dites, vous devez