Anthologie sur le metaphore
Quelle, et si fine, et si mortelle,Que soit ta pointe, blonde abeille,Je n’ai, sur ma tendre corbeille,Jeté qu’un songe de dentelle.Pique du sein la gourde belle,Sur qui l’Amour meurt ou sommeille,Qu’un peu de moi-même vermeille,Vienne à la chair ronde et rebelle !J’ai grand besoin d’un prompt tourment :Un mal vif et bien terminéVaut mieux qu’un supplice dormant !Soit donc mon sens illuminéPar cette infime alerte d’orSans qui l’Amour meurt ou s’endort ! LE PAPILLON Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur ; Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur ; Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles ; Voilà du papillon le destin enchanté : Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté.
La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf Une grenouille vit un boeuf Qui lui sembla de belle taille.Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : « Regardez bien, ma soeur ;Est-ce assez ? dites-moi ; n' y suis-je point encore ?- Nenni. - M' y voici donc ? - Point du tout. - M' y voilà ?- Vous n'en approchez point. » La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. |
A son ami lionJe ne t'écris de l'amour vaine et folle :Tu vois assez s'elle sert ou affolle ; Je ne t'écris ni d'armes, ni de guerre :Tu vois qui