LES YEUX

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre

Oh! Qu'ils aient perdu le regard,
Non, non cela n'est pas possible!
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais aux cieux demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent:

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre coté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.

René Armand François Prudhomme dit Sully Prudhomme est né à Paris le 16mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6septempble 1907 est un poète français. Premier lauréat du prix Nobel de la littérature en 1901. Il fait des études et veux devenir ingénieur mais il est victime d'une crise d'ophtalmie qui le contrait à les interrompre. Il commence par travailler dans les usines Schneider puis il se tourne vers le droit et le travail chez un notaire. Il devient membres à la Conférence La Bruyère, société étudiante, où ils commencent ses premiers poèmes. Son premier recueil est Stances et Poèmes 1865 et son poème le plus célèbre est Vase brisé. Il appartient au mouvement littéraire parnassien, « L'art pour l'art »

L'amour et la folie(1693)
Tout est mystère dans l'Amour,Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance:Ce n'est pas l'ouvrage d'un jourQue d'épuiser cette science.Je ne prétends donc point tout expliquer ici:Mon but est seulement de dire, à ma manière,Comment l'aveugle que voici(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière;Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bienJ'en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble:Celui-ci n'était pas encor privé des