Cédric PIZEPAN Ayant grandi dans les hautes vallées alpines et n’ayant pas d’origines espagnoles, ma rencontre avec le flamenco fut à la fois un hasard et une révélation. J’ai commencé mon apprentissage de la guitare flamenca à la Maison de l’Espagne d’Aix-en-Provence, lieu dans lequel j’ai rencontré plusieurs personnalités qui ont su m’instiller une véritable passion pour cet art. J’ai décidé ensuite de faire du flamenco, et particulièrement du flamenco du Sud de la France qui est aussi riche que méconnu, un sujet de recherche dans le cadre de mes études d’anthropologie. Mon travail bibliographique ainsi que mon enquête de terrain sur Aix-en-Provence et Port-de-Bouc, m’ont permis de considérablement affiner ma pratique musicale, tant il est vrai que le flamenco est indissociable d’une histoire, de certains lieux géographiques, des gens qui le font advenir, en un mot, d’une culture. Cette démarche, que conduisent d’ailleurs à leur manière tous les aficionados, m’a donné aussi l’envie et la possibilité de partager cet art, à travers les fêtes, les prestations sur scène et les stages de guitare que nous avons mis en place au sein de l’ADPG (Association de Défense du Patrimoine Gitan) à Fos-sur-Mer.
Les étapes du développement du flamenco en France
L'Espagne et en particulier l'Andalousie, exerce sur les français une fascination qui se manifeste de manière cyclique. Comme le montre F. Deval (1989b), la première vague d'intérêt français pour l'Andalousie est constituée par les écrivains romantiques. Ces derniers écrivent et se rendent sur ce territoire : Chateaubriand en 1807 (il écrit Itinéraire de Paris à Jérusalem), P. Mérimée en 1831 (Carmen), T. Gautier en 1839 (Voyage en Espagne). Il n'est pas question explicitement de flamenco, mais certaines descriptions de scènes de danse laissent penser que ces auteurs ont été spectateurs de cet art. Ces écrits, ainsi que illustrations de G. Doré (1862), puis le succès des oeuvres musicales hispanisantes de Bizet (Carmen