PREFACE
Présenter une introduction à l’anthropologie sociale succincte et claire comporte quelques risques mais répond à une nécessité. Bien des lecteurs désireux de mieux comprendre les cultures <exotiques> se plaignent de l’obscurité jargonnante des spécialistes et de l’accumulation fastidieuse de descriptions dont ils ne perçoivent pas toujours l’interet.il faut reconnaitre que les sciences humaines se complaisent souvent dans un vocabulaire que n’explique pas seulement le souci d’objectivité.une chance pour nous qu’aucun Molière n’observe nos petits cénacles et ne parodie pas nos circonlocutions savantes.
L’hermétisme des auteurs correspond certainement à une sorte de protection sociologique. L’intérêt que l’occident porte depuis le XVIIème siècle à l’explication des "mystères" n’empêche nullement la confiscation des connaissances sur des cercles relativement fermés.il est évident que la société encadre, oriente, conditionne les formes d’expression du savoir. Les groupes qui apparaissent comme les gestionnaires légitimes de la recherche en protègent les résultats comme s’il s’agissait d’un patrimoine exclusif, multipliant les rites d’initiation et imposant des moules académiques plus ou moins fondés. Pour les initiés, jargonner est une manière, parfait inconsciente, de faire des clins d’yeux aux autres initiés, afin de se distinguer de ceux qui ne sont pas éduqués à les percevoir. C’est vrai pour les médecins, les architectes, les horticulteurs ou les mécaniciens ; pour quel miracle les anthropologues pourraient-ils y échapper ?........................................
Ce serait une grave erreur de croire qu’on peut se passer de tout vocabulaire spécialisé et qu’il est possible de bâtir une science avec les mots et des naïvetés véhiculées par le sens commun. Le mot famille par exemple ne sera d’aucune utilité à l’anthropologue qui veut comparer les formes que revêtent les groupes de parenté dans des civilisations différentes .Inévitablement, un