Anticipations et monnaie

Si la demande de monnaie dépend du volume des transactions planifiées et permet de remplir le décalage entre les recettes et les paiements planifiés, il existe une autre forme de la demande de monnaie : la demande de monnaie pour le motif de précaution et pour le motif de spéculation. Ce sont les composantes de la fonction de réserve de valeur de la monnaie introduite par Keynes, et que nous allons développer pour ensuite mettre en évidence le lien entre monnaie et anticipations.

Tout d'abord, la demande de monnaie pour le motif de précaution sert à faire face à des dépenses imprévues, comme par exemple, un accident de voiture qui génère des couts de réparation. Bien entendu, cela dépend des anticipations des agents (leur goût du risque) et de leurs mécanismes d'assurance. En cas de système où aucune précaution n'est automatiquement prise, les agents ont intérêt à prévoir de l'argent en cas de maladie. Ensuite, vient le motif de spéculation, c'est-à-dire qu'un agent va conserver son patrimoine économique sous forme monétaire s'il anticipe une baisse de prix des titres financiers parce que s'il achetait des titres, ceci l'exposerait à un risque de moins-value. Il y a des situations où l'incertitude est telle que l'agent économique préfère ne pas s'engager dans une stratégie possible parce qu'il redoute de commettre une erreur dans son choix de stratégie. La demande de monnaie pour le motif de spéculation dépend donc directement du taux d'intérêt.

En effet, quand on parle de taux d'intérêt, c'est un taux d'intérêt de long terme, c'est-à-dire un taux d'intérêt dont les titres ont une échéance de plusieurs années parce que les taux d'intérêt à court terme sont déterminés pas par convention mais par la banque centrale.
A long terme, selon Keynes, un agent économique choisit de détenir ou non des obligations en fonction de l'écart entre le taux d'intérêt à long terme constaté et le taux d'intérêt à long terme anticipé/prévu.