anticonformisme
La norme, du latin norma (équerre, règle), sert en effet de modèle, de référence, voire de règle. Elle correspond à l'état habituel, conforme à la majorité des cas2. Donc, à la moyenne, à la normale.
Tout individu qui, en société, s'écarte de la norme, est ainsi souvent considéré comme anormal, et même parfois, déviant. À ce sujet, André Gide (écrivain français du XXe siècle) écrit : « Toute pensée non conforme est suspecte. » Suspecte aux yeux de ceux qui se conforment précisément à une norme de pensée et souvent, de comportement. Ces individus finissent par se ressembler, tant leur désir de mimétisme, c'est-à-dire d'imitation, est grand. Ainsi Marcel, héros du Conformisme (1951) d'Alberto Moravia, se réjouit d'être comme tout le monde.
L'anticonformiste, lui, est souvent un individualiste, mot dérivé du latin dividere, qui signifie « diviser », « séparer ». Il est « séparé » de la masse, de son milieu, parce qu'il ne se conforme pas aux modèles édictés par la majorité. L'anticonformiste refuse donc d'être celui ou celle qu'il convient d'être. Il revendique son originalité ; en effet, l'anticonformiste souhaite innover, inventer. L'artiste authentique ne serait-il pas anticonformiste par nature ?
Que l'on songe aux artistes romantiques du début du XIXe siècle, aux peintres impressionnistes qui s'opposèrent alors, par leur liberté créative, aux normes esthétiques de la peinture académique. Et, plus proche de nous, au mouvement surréaliste qui a marqué profondément les années 1920-1930.
Mais si le conformisme favorise, on le devine, l'intégration sociale, l'anticonformisme est parfois source de méfiance, (cf. citation d'André Gide ci-dessus) ; d'hostilité, voire d'exclusion de la part des représentants de la norme, de l'ordre.
Dans Rhinocéros, pièce d'Eugène Ionesco publiée en