Antigone
Collège militaire royal du Canada SOMMAIRE 1. Le mythe d’Antigone 2. L’Antigone de Cocteau 3. L’analyse quantitative 4. L’analyse qualitative 4.1. La contraction du chœur 4.2. La contraction des répliques de Créon 4.3. La contraction des répliques d’Antigone Conclusion
Résumé : Dans Le Rappel à l’ordre, Cocteau a dit qu’« un artiste original ne peut pas copier. Il n’a donc qu’à copier pour être original. » (Cocteau 37). Ce paradoxe rend bien compte de son Antigone, tel que nous le démontre l’analyse informatique et littéraire. En effet, l’originalité de la contraction de Cocteau, par des effets de style direct et familier, apparaît comme une réduction de la pièce de Sophocle tout en reprenant sa structure. En adaptant, par la contraction, la pièce de Sophocle, Cocteau a redonné vie au mythe d’Antigone. Pour saisir l’importance de cette contraction, nous avons analysé l’Antigone de Cocteau en la comparant à la tragédie de Sophocle à l’aide de l’informatique. La nouveauté ne serait pas vraiment dans le texte, puisque Cocteau aurait, d’après Simone Fraisse, simplement réduit la tragédie de moitié. L’informatique permet de préciser cette affirmation en même temps que l’aspect thématique de la contraction.
1. Le mythe d’Antigone
Antigone, à travers les siècles, a eu divers rôles à jouer. En 1580, Garnier insiste, d’après Simone Fraisse, à « rajeunir les tragédies antiques et instaure une distance immense entre le polythéisme des Grecs et le catholicisme triomphant du XVIe siècle finissant » (21) pour faire entendre les échos de la situation historique. Soixante ans après, en 1637, Rotrou reprend le mythe d'Antigone en apportant quelques nuances. Par la désobéissance d'Antigone, Raymond Trousson affirme que Routrou pensait que « l'exaltation du pouvoir absolu entraîne la négation de l'individu et la subordination des valeurs morales aux nécessités de l'organisation