Appologie de socrtate
Délion, je suis toujours resté ferme aux postes que m’avaient désignés les stratèges, quels que soient les dangers. Et lorsque, par la bouche de la Pythie, le dieu me charge de confondre les pédants, croyez-vous que j’aurais abandonné le combat par crainte de la vengeance de mes adversaires? Bien sûr que non! 29a Si je l’avais fait, c’est alors que j’aurais mérité la mort pour lâcheté et pour impiété!
Craindre la mort, c’est passer pour sage alors qu’on ne l’est pas. Personne ne sait ce qu’est la mort, qui est peut-être le plus grand des biens. Mais on la craint, comme si l’on savait qu’il n’y a pas de plus grand mal. N’y voyez-vous pas l’ignorance qui consiste à s’imaginer savoir ce qu’on ne sait pas? 29b Et c’est sur ce point que je diffère de la majorité des hommes. Si je me distingue un tant soit peu de mes contemporains, c’est, précisément, que je ne prétends pas savoir ce qu’il y a sur l’autre rive. Mais je sais très bien qu’il est injuste de désobéir à qui vaut plus que soi, dieu ou homme. Alors, entre une conduite que je sais mauvaise et la mort
— dont je ne sais rien, et qui est peut-être bonne —, je préfère la mort.
29c Les arguments qu’Anytos a utilisés contre moi sont très efficaces. « Si vous ne vouliez pas condamner Socrate à mort, dit-il, il ne fallait pas le convoquer au tribunal. Maintenant qu’il est devant vous, il ne faut pas l’acquitter, car ce serait encourager sa compagne de