Approche sociologique et anthropologique de la communication dans les villages africains
André Nyamba1
Parmi bien d’autres invasions, les sociétés africaines se trouvent saisies par le déferlement de paroles et d’images du boom occidental des télécommunications. Les téléphones mobiles se multiplient : comme des sauterelles, des gadgets, ou des instruments de libération ? Le regard anthropologique revient sur le rôle de la parole et de la communication dans les sociétés africaines, sur la manière dont il structure la société. Cette structuration est porteuse de valeurs et de confiance. Les villageois africains pressentent ce qu’ils ont à gagner à s’approprier les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Mais ils n’y gagneront que s’ils savent gérer les pertes correspondantes : perdre l’accessoire peut-être, mais pas l’essentiel, notamment dans la mutation des sociabilités. Ce qui renvoie à une perception beaucoup plus qualitative du bien public.
Introduction : Communication, organisation sociale et bien public en milieu rural africain.
Traiter le thème de la communication dans les villages africains pourrait entraîner un risque : celui de la généralisation abusive d’un système de communication orale à l’ensemble des sociétés africaines dont les traditions se basent principalement sur la parole. On sait que dans ces sociétés-là, chaque groupe ethnique a fait de la parole et de ses différents supports instrumentaux un usage spécifique. Cet état de fait a modifié le rapport global de chaque société à la communication et à l’information. Les cas dont nous parlerons dans cette réflexion sur les biens et services publics sont ceux du Burkina Faso. Des différences significatives de construction de l’information et de la communication existent avec d’autres pays de l’Afrique. Notre réflexion souligne dans un premier temps la multiplicité des situations de communication dans les villages africains – pour éviter les