Approches croisées du multiculturalisme chez taylor et kymlicka
TAYLOR Charles, Multiculturalisme, différence et démocratie, Paris, Aubier, 1994
KYMLICKA Will, La citoyenneté multiculturelle : une théorie libérale du droit des minorités, La Découverte, Textes à l’appui, série « Politique et société », dirigée par Loïc Blondiaux et Yves Sintomer, 2001
La théorie politique a été rythmée depuis les années 1970 par les différents soubresauts d’un contentieux entre les libéraux plus ou moins proches de RAWLS et les philosophes dits « communautariens ». Ce débat a pour origine la Théorie de la Justice de John RAWLS paru en 1971 et le constat d’une réalité à prendre en compte, le multiculturalisme[1] de nos sociétés. Bien que ce débat soit essentiellement nord-américain (américain et canadien), il a fini par se répercuter en France dans les années 1980. Ce débat est complexe. En premier lieu parce qu’il est fort étendu dans le temps mais surtout parce qu’il n’oppose pas deux doctrines philosophiques bien définies mais deux « fronts » assez hétérogènes. Les frontières entre ces deux teams sont difficilement observables tant les convergences ponctuelles coexistent avec de profondes divergences. Mais les membres de chacun de ces teams ont incontestablement un « air de famille ». En effet il y a un certain consensus sur les thèmes qui constituent les enjeux essentiels de la discussion : les oppositions entre le juste et le bien, entre les droits et les vertus, entre l’individu et la communauté, sont des oppositions névralgiques. Mais pour chaque problème en discussion, il n’existe pas seulement une réponse libérale et une réponse communautarienne, mais plutôt un continuum de réponses dont seuls les deux extrêmes sont indiscutablement dans le camp libéral et le camp communautarien. Charles TAYLOR et Will KYMLICKA sont les exemples typiques de cet entre-deux difficilement classable d’un coté comme de l’autre. Nous tenterons d’appréhender leurs points communs avant d’étudier leurs différences qui