Le sacrifice d’Antigone
Le théâtre d’Anouilh connaît un purgatoire. On sait donc gré à la compagnie
Coucou la Fourmi d’avoir sorti de l’ombre une pièce de cet auteur dramatique talentueux. Cela donne au bout du compte une très belle version d’ « Antigone ».
Pour mieux apprécier la pièce « Antigone », de Jean Anouilh, sans doute n’est-il pas inutile de se replonger dans l’Antiquité, d’où nous vient ce mythe célèbre… Antigone est la fille d’Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Ses deux frères, Etéocle et
Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Or, Créon, nouveau roi, a décidé de n’offrir de sépulture qu’à Etéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Par un édit, il lance un avertissement : quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Antigone décide, elle, de recouvrir le corps de son frère avec de la terre, voulant lui rendre ce qu’elle juge être un juste hommage à celui qu’elle a aimé. C’est tout cet engagement dangereux d’Antigone qui fait le sujet de la pièce de Jean
Anouilh.
Pierrick Bonneau, qui a mis en scène ce spectacle, a voulu d’abord privilégier le visuel. Il nous montre le combat d’Etéocle et de Polynice comme une présence très immédiate de la Mort, dont on sent qu’elle va rester à veiller lugubrement sur toute cette tragédie, attendant son tour pour intervenir et faire le malheur des hommes.
Antigone, magnifiquement jouée par Laetitia Chevet, tout à la fois fragile et forte, sait bien qu’en désobéissant aux ordres de Créon, elle décide de sa mort. Le sacrifice de sa vie comme un défi à l’autorité, la révolte contre un édit injuste ! Et peut être aussi la volonté d’être une héroïne par delà la mort, comme si elle voulait devenir pour la postérité, en se sacrifiant elle-même, un personnage de légende. A ses côtés, Ismène, sa sœur, où l’on retrouve Julie Van Herpe qui incarne avec beaucoup de délicatesse cette femme, belle et amoureuse de la vie, qui ne peut évidemment pas