L'arbre L'arbre des Tuileries est en bronze. Il résulte d'un moulage. Notons d'entrée qu'un autre dossier de cette collection a montré comment l'empreinte, le moulage, la trace imprègnent les pratiques sculpturales contemporaines. L'Arbre qui revient de manière récurrente dans l'œuvre est lui aussi affaire de sculpture et de modelage. Il y revient non seulement comme figure emblématique de la nature, motif ou objet de sculpture, mais encore - et de façon plus singulière - comme matière ductile disposée au moulage et au modelage. Afin de situer l'Arbre des voyelles dans un contexte élargi aux démarches qui traversent l'œuvre entier, il sera rappelé que ces moulages, ces modelages ont pu se limiter à celui d'un arbre ou d'un arbuste comme ils ont pu participer d'une hybridation du végétal avec d'autres corps vivants ou leur réplique de métal fondu. Ainsi, les premières œuvres dans la forêt de Garessio reposent sur l'idée que l'arbre est un fluide plastique, un médium se prêtant au pétrissage au même titre que la glaise. Cependant, si la terre est immédiatement réactive à la pression des doigts, il faudrait des années pour que l'arbre y réagisse sensiblement. Une œuvre bien connue des débuts, pallie en toute logique ce déficit en déléguant la durée de l'étreinte à un moulage de bronze. Moulage de la main de l'artiste qui empoigne le tronc d'un jeune arbre et perpétue durant sa croissance le souvenir tangible de ce corps à corps. Sculpter à contretemps Nous retiendrons au moins deux choses de ce geste inaugural : la première c'est que l'artiste fait usage du moulage pour obtenir un double, une réplique en bronze qui, telle une photographie, se saisit des états de l'instant où le temps fait surface. Instant auquel le bronze donne permanence, pérennisant l'effet de l'étreinte momentanée dans la durée. Les élèves seront invités à réfléchir aux conséquences paradoxales de ce geste artistique qui revient à sculpter l'action du temps à contretemps : à donner forme