Argent
L’argent perturbe les relations sociales. L’engouement qu’il suscite ainsi que l’étendue de son utilisation font de lui non plus un moyen mais une fin en soi. C’est là en fait la source des perversions en relation avec le commerce de l’argent, allant jusqu’à faire de la vie humaine une valeur d’échange. L’argent devient ainsi non plus « le terreau nécessaire aux grands travaux qui facilitaient l’existence » mais un moyen « destructeur et empoisonneur » même des organisations économiques.
3.1. L’argent : agent détruisant les relations sociales
L’engouement sur l’argent et l’étendue de son utilisation pervertissent sa symbolique. Désormais, il cesse d’être un moyen abstrait pour devenir une valeur pleine, une valeur autonome qui se suffit à elle-même. Une telle perception entraîne un ensemble de comportements répréhensibles. Simmel analyse ces digressions et précise « l’argent se pose bien trop facilement en finalité, chez bien trop de gens il clôt définitivement les séries téléologiques, leur fournissant une mesure pour un faisceau unifié d’intérêts de niveau abstrait, souverainement placé au-dessus des détails de l’existence, qui affaiblit en eux le besoin de rechercher la progression de ces satisfactions » (p :282) De là jaillissent des caractères qui ont depuis toujours inspiré la comédie : cupidité ( le barbier de Séville), Cynisme ( Dom Juan) et l’avarice que montre la pièce de Molière. Simmel la définit comme une forme de volonté de puissance qui, pour se maintenir intacte, renonce à s’exercer. De là sa fréquence chez les vieillards comme Harpagon qui « aime l’argent plus que réputation, qu’honneur et que vertu » (II, 4) Ils ne peuvent connaître d’autres jouissances, à l’image de Gundermann « qui triomphe parce qu’il est sans désirs » (Zola, p :484). Ils sont alors enclins soit à tyranniser effectivement leur entourage soit à rechercher la puissance abstraite qui s’incarne dans l’argent au risque de détruire la