De plus, Bouchard présente le rôle social féminin non-conventionnel, et ce, par, tout d’abord, l’émancipation sexuelle de la femme. En effet, dans Les muses orphelines, Jacqueline Tanguay vit avec le secret d’avoir un amant alors qu’elle est mariée, sachant très bien qu'à l’époque, la femme se doit d’être fidèle. On dépeint ainsi le portrait d’une mère en accord avec ses pulsions et ses désirs, tout en se pliant aux attentes sociétales qui constituent l’institution du mariage. De cette façon, Jacqueline mène une double vie, accentuant sa libération sexuelle. D’ailleurs, dans le premier acte de Les muses orphelines, on constate qu’une des filles de madame Tanguay a eu de nombreux partenaires sexuels : « p. 22 », ce qui illustre à quel point Catherine est ouverte avec la sexualité au quotidien. Ensuite, Jacqueline Tanguay se pavane au bras d’un autre homme que son mari à une soirée : « p. 59 » Elle est à l’aise de présenter à tout le monde son amant, ce qui ne se faisait habituellement pas dans les années 1960, compte tenu de la rigueur des mœurs issus d’une religion castratrice. De ce fait, cette pièce met en scène des femmes indifférentes au regard des autres. En effet, Madame Tanguay met sa vie sentimentale à nu lors d’une soirée : « p. 62 » Le ton de désespoir qu’emploie Jacqueline renforce l’exaspération qu’elle éprouve envers sa relation avec son mari. C’est ainsi qu’elle met fin à son mariage devant le village entier. Ensuite, cette même femme n'a eu que quatre enfants, ce qui est très peu et surtout inconcevable au regard de la société des années 60. Le regard désapprobateur d’autrui ne la dérange aucunement. Elle vit confortablement avec cette situation, exprimant par le fait même son indifférence envers ce que les villageois pensent. Luc Tanguay venge d’ailleurs sa mère de façon peu conventionnelle. Il se présente au village vêtu d’une jupe espagnole lui appartenant : « p. 24 » Cet acte passionné révèle un fils qui hérite de l’indifférence de sa mère,